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Revue de Presse du 10 avril 2010

Trois supports constituent le trio de lancement médiatique choisi pour donner le la à l’ouverture de l’ostension de 2010 : 1) l’article du Nouvel Observateur «  En attendant le grand Suaire[1] », du 1er avril  2010 ; 2) l’émission télévisée d’Arte «  Le Suaire de Turin, la nouvelle enquête [2]», du 3 avril 2010 ; 3)  le livre d’Ian Wilson L’Enigme du Suaire[3].

 

1) «  En attendant le grand Suaire » ( Le Nouvel Observateur, 1-7 avril 2010). 

Au delà des sempiternelles redites, qu’y a-t-il de neuf depuis vingt ans, dans cet article, sur  l’authentification ? Quelle est l’optique d’ensemble imposée à l’opinion après l’effondrement du mythe du C14 qui restera la grande  surprise de l’ouverture de l’ostension 2010  à la vue de la « nouvelle enquête » d’Arte ?

1)      Le lâchage du C14. Avec l’annonce de la datation au C14 de 1988, nous dit-on, le « camp » « des rationalistes d’une mauvaise foi totale, qui n’ont qu’un but : démontrer l’imposture »  avait d’abord triomphé. « L’affaire semblait réglée. Elle ne l’était pas. D’autres chercheurs ont depuis réduit à néant cette théorie. Etc. »  Le changement de ton est ici spectaculaire. Mais il aura fallu vingt ans pour en arriver là et le fait qu’avec Albin Michel et Arte, on envoie aujourd’hui un signal aussi fort à l’opinion donne la mesure du naufrage d’une datation au C14 désormais indéfendable. C’est la grande nouveauté.

2)      L’authentification impossible.  Rien de nouveau, en revanche, du côté de l’authentification. L’article relaye complaisamment l’autosatisfaction béate d’un Frédéric Lenoir, directeur du « Monde des religions », qui « s’amuse »  – c’est son terme – de ce qu’il appelle « le problème avec le Saint Suaire », à savoir, « c’est qu’on est coincé (sic) entre des chercheurs croyants », obsédés d’authenticité et des « rationalistes d’une mauvaise foi totale » obsédés de « démontrer l’imposture ». Cette fausse symétrie vise à cacher l’essentiel, la mise hors la loi des authentiques scientifiques : de scientifiques, de symposium scientifiques et de méthode d’authentification, il ne saurait en être question dans cet article voué à la propagande. Quant à l’Eglise, l’article rapporte quelle est toujours « d’une prudence de sioux (sic) »  et pour le Saint Siège « la question de l’éventuelle authenticité du Suaire n’en est pas une ». Le verrouillage de l’authentification est bien le mot d’ordre.

3)      Mystère, mystère bloquant tout. Relique, linceul, Suaire, la désignation du linge est flottante, indéfinie, équivoque. Rien n’est tenté pour dire ce qu’ « est » cet objet présenté comme d’origine inconnu : « Si c’est un faux, c’est un faux extraordinaire » conclut triomphalement l’article oubliant de dire qu’après 110 ans de recherche la Science, elle, conclut certainement à l’inverse du faux. Ayant mis la science et la vérité hors la loi, l’article n’a plus qu’à énumérer des « croyances » complaisantes telles que celles d’un Lenoir, alors que l’opinion est l’ennemi juré de la pensée. Pour verrouiller l’authentification l’article  assène deux contre-vérités massive en attribuant aux scientifiques l’inverse de leur conclusion : « Mais tous (…) sont au moins d’accord sur un point : après des années de recherche (…) le mystère reste entier. ». Circulez il n’y a rien à comprendre reste le nouveau mot d’ordre, non plus au nom du défunt C14 mais au nom du « mystère », la nouvelle pierre philosophale des média ! 

Ainsi, obligés de lâcher le C14, les négateurs de l’évidence scientifique et de sa méthode n’en font pas moins comme si l’authenticité était toujours impossible à prouver, non plus en raison de la datation moyenâgeuse au C14 mais, cette fois-ci, au nom du « mystère » qui « miraculeusement », après un siècle de recherches concluantes n’en resterait pas moins entier, la belle arithmétique !  Le procédé d’illusionnisme revient à substituer un « faux mystère » à la « fausse datation au C14 ». Pour faire passer ce nouveau leurre, on ne fait, d’ailleurs, parler que des anglo-saxons, en escamotant totalement la recherche française : des fondateurs avant 1978 et des symposiums de Paris, de Rome, après 1989 ( auxquels tous les pays dont les Etats-Unis ont participé ). Car c’est la France qui a donné le fin mot de l’énigme… N’abandonner le ténébreux C14 que pour se retrancher derrière un nouveau « mystère », telle est donc la nouvelle vision de « l’impossible authentification » martelée à l’opinion par le tir groupé du trio groupé du Nouvel Observateur, d’Albin Michel et d’Arte. 

 

2) L’émission télévisée d’Arte, du 3 avril 2010 ( en cours)

     Elle signe le naufrage médiatique de la datation au C14 de 1988, sans en tirer pour autant les conséquences qui s’imposent, quant à l’authenticité du Linceul, en résultant quasi automatiquement, et à la déontologie du débat scientifique. .

 

3) Le livre d’Ian Wilson L’Enigme du Suaire[4] ( en cours)

     Ce livre, dont le titre a été judicieusement calqué sur celui de L’énigme du Linceul[5] alors que son titre anglais, « The Shroud » !, a pour « objet central » « l’histoire du Suaire ». Sa médiatisation fait écran a l’actualité scientifique. On constate que Ian Wilson, qui s’annonce comme passionné du Linceul et affirme « ce livre m’aura demandé cinquante-cinq ans de travail », ignore tout, dans son livre, de ce qui s’est passé de décisif en France et en Italie depuis 1988... Même si ses confidences d’alcôve, sur le C14, présentent quelque intérêt de la part d’un anglais n’ayant pas de prétention scientifique, on ne peut manquer de se poser la question de la qualité de son information, de sa méthode, voire de sa bonne foi.  De même pour ceux qui portent au pinacle ce livre d’Albin Michel, qui vient si opportunément pour les amateurs de diversion.



[1] Article de Bernard LOUPIAS qui fait cause commune avec Albin Michel et Arte par les deux impératifs « A voir » et « A lire ». 

[2]  le 3 avril 2010 à 20 h 40.

[3] Ed. Albin Michel, mars 2010.

[4] Ed. Albin Michel, mars 2010.

[5] A.-A. Upinsky, Ed. Fayard 1998.